jeudi 27 mars 2008

Meurtre à la campagne

Cher François,

Deux mois sont passés depuis notre dernière rencontre et pas une seule fois j'ai pu t'écrire. Mais c'est bon ; j'ai enfin trouvé un endroit calme où personne ne me surprendra.
Comme tu le sais déja, mon mari , Charles, étant parti à la guerre , nous nous sommes retrouvés plusieurs fois pendant son absence. Personne ne nous a surpris ou même livré, du moins c'est ce que nous pensions... Lorsque tu m'as quittée, la dernière fois, en te glissant discrètement par le portail (moi en repassant par les jardins) le jardinier arrosait les plantes, que nous n'avions pas vu, trop absorbés par nos gâtteris. Lui revanche nous a bien reconnus et n'a pas hésité à nous livrer à Charles. Tout cela je l'ai appris par Barbara, ma servante. Elle a surpris o maintes reprises le complot que Charles menaçait de te faire subir. Elle m'a expliqué bien des fois tout ce qu'il se tramait derrière mon dos. J'ai appris, par exemple, avant qu'on ne vienne me le dire, que je ne pourrais plus me déplacer seule. Pendant un long moment je fus donc accopagnée par un ignoble prêtre qui ne faisait que boire et me clamer à longueur de temps que je ne méritais pas mon titre de comtesse. Mais maintenant, il ne viendra plus me déranger: il a rendu l'âme grâce à Barbara et son soi-disant "verre de vin offert généreusement" mais elle n'y a pas précisé qu'on y avait ajouté du poison.
J'ai aussi appris le plus important: lorsqu'arriverait le premier jour d'hiver, toi non plus tu ne serais plus de ce monde. Mais Charles ne sait pas qu'un complot se trame derrière son dos. Il est bien trop prétentieux pour remarquer que moi aussi j'ai du pouvoir... Alors, jour après jour, Barbara et moi avons préparé notre voyage.
Dans trois jours, les coursiers partent relever les impôts, chargés de sacs et de charrettes; le moment idéal pour passer sans être pris, non ? Dans trois jours donc, lorsque nous aurons passé le petit pont de pierre, un des coursiers changera de cap et nous amenera à notre première rencontre.
Dans trois jours donc, nous nous reverrons, pour toujours.


Ta bien-aimée, Béatrice